Gens de
drauche et gens de guoîte
C’est
toujours un peu con de choisir un côté. Surtout le coté d’un demi-cercle.
Et
puis être assis, à gauche ou à droite, c’est toujours rester stagnant.
Mais
l’avantage de réfléchir à tout ça, c’est que peu de gens de drauche et gens de
guoîte le font.
Ils
sont trop occupés à s’occuper d’eux et à moquer les gens qui disent ne pas
s’occuper que d’eux.
Bien
sûr que tout le monde s’occupe de soi.
Quand
on s’occupe des autres, ça ne veut pas dire qu’on ne s’occupe pas de soi.
Au
contraire.
Moi,
si être de droite c’est s’occuper de soi, je suis de droite.
Mais
j’ai du mal à m’occuper de moi sans m’occuper des autres.
Peut-être
que je devrais en vouloir à mes parents.
Or,
ils ont aussi fait des enfants de droite.
Quel
pastis !
Les
gens de droite, faut pas être trop débile, ils pensent aussi aux autres.
Mais
ils pensent à eux-mêmes avant de penser aux autres.
Et
ils pensent que les gens de gauche, ils font la même chose mais disent le
contraire.
C’est
un peu vrai : les gens de gauche, ils pensent souvent aux autres parce qu’ils
savent que sinon, les autres penseront à eux, et sûrement pas en bien.
Et
encore, ça c’est pour les gens de gauche pas trop nigauds.
Les
autres, ils sont de gauche parce que leurs parents chéris l’étaient ou leurs
cons de vieux ne l’étaient pas.
Ou
alors, ils sont de gauche parce que « c’est comme ça ».
Etre
de gauche, c’est pourtant s’efforcer d’aller contre ce qui « est comme
ça ».
Beaucoup
de gens de gauche disent l’être mais ont oublié pourquoi. Ils sont de gauche
par tradition.
Et
la tradition, c’est de droite
lorsque c’est ce qui est censé ne pas se discuter.
Ce qui s’installe comme une
loi de la gravitation en plus, sauf que c’est culturel et que ça devient une
violence à partir du moment où l’on ne sait plus pourquoi ça existe.
Les
gens de gauche sont souvent exaspérants. Les gens de droite le sont toujours.
Les
gens de drauche et gens de guoîte ont une drôle de conception de la démocratie :
ils sont d’accord entre eux tant qu’ils n’ont à être
d’accord sur rien.
Les
gens de drauche et gens de guoîte ont des amis mais ne savent pas très bien ce
que c’est.
Et
pour cause. Ils ne savent pas baisser la garde et ne connaissent qu’un sens au
« commerce ».
Ils
ont des amis parce que ça fait bien d’en avoir.
Parce
que ça a l’air plaisant et que ça les embêterait bigrement de laisser ça aux gens de
gauche.
Car
les gens de gauche ont des amis. Mais ils ne sont pas déçus de la même façon
quand ils les perdent.
Les
gens de drauche et gens de guoîte sont contre le fascisme, mais ils ont du mal
à supporter la démocratie directe -qui n’est pourtant qu’un pléonasme- parce qu’alors, ça devient trop compliqué
tellement ça les dérange.
Alors
ils prennent la parole tout le temps ou bien ils se taisent, tout le temps
aussi.
Avec
les gens de drauche et gens de guoîte, les choses, elles sont « comme
elles sont ».
Les
gens de drauche et gens de guoîte sont toujours un peu sur la défensive, parce
qu’être de gauche, c’est essayer de mentir le moins possible.
Ils
sont apeurés de tant mentir. Ils voient bien que c’est lorsqu’on ne ment plus
que l’on peut commencer à rire.
Les
gens de drauche et gens de guoîte sont toujours un peu jaloux du rire des
autres.
C’est
bien compréhensible ; leurs rires à eux sont si tristes qu’ils en sentent
mauvais.
Ils
croient qu’être cyniques et désabusés, ça fait de gauche.
Alors
souvent, ils sont nuls en humour.
Le
gens de drauche et gens de guoîte croient souvent que quelqu’un les juge, alors
ils se mettent à juger aussi.
Et
ça cause des ennuis de santé.
Les
gens de drauche et gens de guoîte disent que le travail, c’est bien.
Mais
ils adorent le confort de ne pas faire grand-chose et d’accepter les choses
comme elles viennent.
Les
gens de droite m’ont toujours fasciné
par leur talent à réconcilier des esclaves et leurs maîtres.
A
raconter que les choses se font sans qu’on ne puisse rien y faire et continuer
ainsi à faire en sorte qu’elles se fassent, les choses.
Les
gens de droite, ça leur arrive de se croire de gauche. Mais leurs actes
contredisent leurs beaux discours. Et même, des fois, leurs discours
contredisent leurs discours.
Etre
de droite, c’est être parfois borné, résigné ou stupide. Il nous arrive tous
d’être de droite…
Mais
la différence entre gens de gauche et gens de droite, c’est que les premiers essaient - certes un peu
naïvement - de ne plus jamais s’y faire prendre.
Les gens de drauche et gens de guoîte s’entêtent
à répéter que l’injustice les afflige mais leur petit confort gluant
d’installés trahit leur mensonge, leur peur du mieux.
De
droite on l’est.
De
gauche on le devient.
Même
quand quelqu’un de droite disait être de gauche quand il était jeune, il s’y
prenait déjà à l’époque comme quelqu’un de droite.
Ça
ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit de changer.
Néanmoins,
de droite, on le reste souvent, avec le mot « changement »
toujours à la bouche.
C’est
drôle, parce que les gens de droite sont capables de s’engager, mais c’est pour
que rien ne change.
Et
comme rien n’est immuable, il faut faire preuve de beaucoup de brutalité pour
se donner l’impression du contraire, déployer des trésors de violence pour
perpétuer l’inertie...
C’est
le problème de beaucoup de gens de drauche et de guoîte : ils se retrouvent au
bout du compte à coudoyer la tyrannie…
La
gauche c’est des questions.
La
droite c’est des réponses qui n’en seront jamais vraiment.
La
gauche, ça ne pourra jamais vraiment fonctionner de façon idéale, mais on fera
pour le mieux.
La
droite, elle ne fera jamais rien car … « ça déconnera toujours ».
Et
puis en catimini, elle fera du coup beaucoup.
Dont
du bien dégueulasse, du bien turpide, du bien crapouille.
De
ces trucs qui parfois atteignent le consensus entre gens de gens de drauche et
gens de guoîte.
La
France est de droite.
De
toute façon, un pays, c’est de droite.
L’Humanité,
en revanche, elle est de gauche.
Les
gens de droite, ils croient tout savoir.
Les
gens de gauche, ils pensent tout savoir.
A
toi de voir qui se trompe le moins.
A
toi de voir si on peut supporter de se tromper.
A
toi de voir.
A
toi.