La folie nous guette-t-elle ?
 
J’ai pour me guérir du jugement des autres
toute la distance qui me sépare de moi.
 
 
Admettre comme beaucoup
que le mensonge nous cerne
et oser en tirer
quelques règles de vie…
 
Bannir l’imposture
sans pourtant s’en faire gloire.
Exister selon soi
avec tous les hôtres…
 
Ne laisser à personne
l’utile privilège
de faire table rase
au lieu de chacun…
 
Savoir rendre compte
du moindre de ses gestes.
Si ça n’est pas le cas
ils ne sont pas les tiens…
 
Sans cesse s’enrichir
d’avantageux savoirs
en écoutant les humbles
qui inventent la vie….
 
Fréquenter les ivresses
sans phobie d’en pâtir,
ne rien craindre de soi
et aimer à se perdre…
 
Ne pas trembler d’effroi
à l’idée que soudain
tout ce qui t’est secret
pourrait sourdre et surgir…
 
Mais se méfier des rêves,
pour vivre le présent,
Vlad, Achab ou Drogo
ne puent que la fatigue!
 
Trouver Chtcheglov glauque,
Crevel crevé trop tôt,
Van Gogh agonisant :
Victoires des ennemis…
 
Comprendre les suicides
qui respectent la vie
Paul, Friedrich, Gilles et Guy,
respirent toujours un peu…
 
Railler tous les pouvoirs,
se rire de tous les maîtres,
oser piller les riches,
sans jamais rien garder…
 
Comprendre des ancêtres
ou du moins le penser.
Se préférer vivant,
rire à ce privilège…
 
Sentir les gens penser
et lire dans les gestes,
en gardant à l’esprit
que l’on peut se tromper…
 
Célébrer la raison,
et se moquer de l’âme,
mais voir dans un sourire
une exacte amitié…
 
Ecouter tous les autres,
guetter tous les savoirs
bercé par le bonheur
de ne pas se mentir.
 
Ne tolérer aucun
apparent évangile,
réalité larvaire
réduisant à ramper.
 
Voir dans la poésie
bien plus de vérité
que dans le dit-réel,
fantasme séparé.
 
Se rire des limites
entre poème et prose.
Savoir que tous les vers
ont une bête fonction.
 
 Penser comme personne
n’a jamais pu penser.
Refuser à quiconque
le droit de te vider :
 
Est-ça être fou ?
Alors enfermez-nous…
Ou plutôt,

Essayez !

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