Il est universellement
acquis que les humains aiment rire. Ces messieurs de la réclame le savent mieux
que personne et usent de ce ressort d’identification dans presque toutes leurs
affaires. Quand l’humour n’y est pas aussi grossier que godiche, il demeure, avec
plus ou moins de succès, l’intention première[1].
Ceux d’entre eux qui se considèrent comme les plus « créatifs »
n’hésitent
pas, avec un courage aussi magistral qu’intéressé,
à
chahuter les principes bourgeois et à se déclarer
« cyniques »…Culbuter
la morale des corbeaux devient ainsi l’alibi favori de ceux qui
défendent celle des marchands.
Le cynisme, en ceci
qu’il nie toute soumission aveugle à quelque valeur que ce soit, aussi suprême
soit-elle, nous semble indispensable à l’humour, lui-même vital. La distance
que nous offre le rire n’est rien de moins que le début de la tolérance[2].
Ce même rire est une des rares vérités puisqu’elle est universelle et qu’elle
se rie d’elle-même. Les éclats de rire sont de rares et précieux ciments
capables de faire tenir debout les tours de Babel.
Etre
lucide sur l’état de notre monde putréfié,
gerbant et nauséeux n’empêche nullement de savourer la joie du rire. Ce
parti pris est même vivement conseillé lorsque l’on désire fuir la tristesse de
la résignation ou le fatalisme de tous les curés. Affirmer le contraire serait
d’ailleurs faire insulte aux victimes d’injustices et d’abjections, pour qui le
rire demeure souvent le seul lien ténu qui les relie à la vie, si coriace. Au
contraire de toutes les fripouilles qui font métier de feindre de s’inquiéter
de leur sort, elles n’ont rien à perdre.
L’humour est résistance
car il est joie dans la tristesse, vie contre la mort[3],
mais à certaines conditions (sur lesquelles nous reviendront plus loin…).
L’humour est un espoir qui a la pudeur de ne pas refouler le désespoir ou la
colère, un désir qui penche toujours du côté de la vie.
Avoir le bilieux mauvais goût de manquer
d’humour, c’est au choix :
- être dans l’erreur: ne pas rire du malheur car
« ça ne se fait pas !». Cette maxime inepte
est plus que contestable, puisqu’elle suit toujours quelque chose qui, de fait,
vient de l’être. Une telle posture a aussi sa variante bourgeoise[4]:
on ne rit pas du malheur des autres, car s’ils sont malheureux, c’est qu’ils le
méritent bien un peu…
- mettre sa vie en danger : ne pas rire du
malheur, car on est fondamentalement triste (et bien rarement du malheur des
autres...)
- être bien mal informé: ne pas rire du malheur,
car on ignore son existence
Rire de tout permet de
s’assurer que l’on ne se trompe en rien : c’est pour cette raison
que le rire perd sa saveur s’il n’est
pas absolu. Et un rire absolu ne ménage aucune vanité,
aucun pouvoir, aucune morale. Entendons-nous bien : nous qui nous méfions
de l’aliénation comme de la vérole et qui tentons de faire en sorte qu’il n’y
ait rien au-dessus de nos têtes, sinon les étoiles, nous avons des valeurs.
Mais nous gardons à l’esprit qu’elles sont fruits de nos vies et de nos
consciences et qu’elles n’ont rien de transcendantal. Il est ainsi possible, et
nous en abusons, de se moquer de toutes les morales comme nous savons rire,
entre amies (et amis), de nos éthiques[5].
Nous avons en revanche beaucoup de mal à rire avec ceux qui rient des autres
sans jamais rire d’eux-mêmes. Le cynisme véritable doit à nos yeux rimer avec
révolte et subversion plutôt qu’avec contradiction[6]. C’est ce qu’ont tendance à oublier un peu
vite les suffisants imbéciles qui trouvent un air coincé à ceux qu’ils ne font
pas rire. Il est de sombres pitres que l’on a vite envie de fuir, des clowns
tristes dont l’humour pue la domination. En revanche, le cynisme véritable est
un humanisme, et les postures de ceux qui se flattent d’être appelés, à
tort, « cyniques »
s’accommodent
somme toute très bien des piètres valeurs assez modernes que sont l’argent, le
mensonge et le conformisme.
Le pseudo cynisme est à
la mode et c’est bien pratique, car il permet de ne rien tenter. Ne rien tenter
reste pourtant une manière de se tromper, et loin d’être la plus glorieuse. Le
pseudo cynisme est une posture de cossards[7]
qui n’ont pas le courage de se l’avouer.
Les pseudos cyniques
modernes jugent inutile, voire pénible, de se fatiguer à réfléchir puisque les
idées ne valent rien. Ils oublient ainsi, et c’est navrant, qu’ils ne font que
mettre en pratique une idée -vieille d’environ trois millénaires- qui a bien
dû valoir quelque chose, puisqu’elle reste fondée aujourd’hui plus que jamais.
Le vrai problème est qu’ils ne l’ont visiblement pas comprise, puisqu’ils se
contentent de la prostituer. Décréter que les idées ne servent à rien reste une
idée, et une idée un peu courte. Le vrai cynique ne rit que des puissants, à
l’inverse de nombre de nos contemporains mal éclairés qui croient plus drôle de
se moquer de ceux qu’ils jugent inférieurs que de ceux qui les gouvernent. Ils
ne font par-là que montrer que ce qu’ils méprisent en fait, au point de le
reprocher de façon arbitraire à ceux qu’ils ne connaissent pas, c’est leur
propre soumission, leur sale renoncement.
Le pseudo cynique
contemporain l’est souvent à regret et, dans l’intimité, aime déclarer dans un
soupir tourmenté: « Je voudrais moi aussi que les choses se passent mieux,
mais qui n’a jamais vérifié
que c’était bien trop compliqué ? ».
Dans ces moments, comme dans bien d’autres, le pseudo cynique contemporain est
triste. Son rire jaunit toujours puisqu’il se borne à consacrer l’ordre des
choses. Le pseudo cynique contemporain constate alors avec aigreur que sa
maigre puissance se résume à pouvoir acheter des choses pour croire se changer
lui-même. Quoiqu’en « vérité »,
on peut se dire cynique sans être forcément
riche. Il suffit de n’avoir que très peu de pouvoir sur sa
propre vie. Il est alors logique que l’on justifie que tout le
monde doit se laisser porter et que l’on s’en remette à d’autres pour dicter
toutes les règles sociales que l’on appliquera, selon les cas, avec zèle ou
fatalisme. N’être maître de rien, naître esclave de tout conduit à la
névrose…Mais avec un peu de chance, on peut tenter de s’en guérir en exerçant
son pouvoir sur tous ceux qui révèlent l’impuissance et qui ont le malheur de
dépendre de notre autorité : les employés, les voisins, les femmes, les enfants,
les animaux domestiques ou même ce que d’aucuns s’autorisent à appeler les
« amis », sans vraiment savoir ce que c’est. Le pseudo cynisme est en fait une peur :
d’ailleurs, en causant un peu, ses défenseurs brandissent toujours
l’épouvantail du pire pour se consoler de leur lâcheté. Le pire existe pourtant
déjà et se fait souvent en notre nom. Etre pseudo cynique, c’est bien joli,
mais c’est faire mine de croire, jusqu’à parfois s’en convaincre, que des sauveurs
suprêmes puissent occuper des ministères, qu’il y a des guerres propres ou
des services secrets humanistes, des technologies infaillibles, des sociétés
industrielles ou commerciales qui placeraient le bien commun avant leurs
bénéfices, des riches qui n’auraient rien volé à toutes celles et ceux qui leur
ont permis de le devenir. Les
choses sont souvent plus compliquées que la façon dont on les présente, mais un
des nœuds de nos problèmes est bien le suivant : plus un individu a de
pouvoir, moins il est capable (même s’il le désirait) de faire en sorte de gouverner dans le sens
du bien commun. Et pourtant, l’immense majorité -à la fois consciente que
personne ne vaut mieux qu’un autre et convaincue qu’il faut des chefs-
continue à abdiquer de sa puissance en sa faveur …
Il est bien sûr conseillé de railler tous les
faux naïfs qui disent vouloir sauver les autres pour se sauver eux-mêmes[8].
Ou encore les professionnels clownesques de la contestation déchirés entre le
mépris qu’ils éprouvent pour leurs troupes et leur besoin de les séduire, pour
garder leur place. Lorsque l’on fréquente les milieux qui disent passer le plus
clair de leur temps de temps à essayer de changer les choses, il arrive que
l’on soit tenté par le cynisme. Il est certes assez douloureux d’entendre et de
voir se mêler des théories bancales et des névroses, des malentendus
dialectiques et des a priori. Il est bien difficile en effet de se déclarer en
guerre contre les maîtres de la société lorsque l’on accepte de leur laisser le
choix des armes. Car c’est bien le cas lorsque l’on combat l’absolutisme par de
petites luttes de pouvoir. Lorsque l’on prétend défendre le bien commun en se
plaçant toujours au centre. Lorsque l’on revendique l’existence d’autres
possibles en restant englués dans celui que l’on veut nous imposer. Lorsque
l’on n’affirme que la compétition est néfaste en continuant à se mesurer à
tous et à toutes et à chaque instant. Lorsque l’on défend la puissance du collectif… tout seul.
Il faut être capable de
vivre vraiment ici et maintenant, ne
serait-ce que pour donner l’exemple. Toutes celles et ceux qui disent vouloir
changer le monde et se vautrent dans la tristesse sont autant d’armes pour les
puissants. Pour être efficace[9]
dans cette conduite, il nous semble utile de préférer la joie et la gourmandise
à l’aigreur et la culpabilité. Se bercer de l’illusion de se penser « en
dehors » d’une société
ne suffit pas à déplacer ses lignes mais
plutôt à les durcir.
Les conservateurs et
réactionnaires de tout poil font leur miel de ces piteux exemples : elles
les consolent de leur pétoche[10]
et de la stérilité de leurs intelligences[11].
Pourtant, dans la mesure où ce qui ne nous détruit pas nous rend plus forts[12],
nous préférons toujours dans ce domaine le bruit au silence. L’avantage que
nous garderons toujours sur les imbéciles, c’est qu’eux n’essaient pas de nous
convaincre.
S’évertuer à faire le
bonheur des gens sans leur demander leur avis ne devient pourtant imbécile ou dangereux
que lorsque l’on s’attache à les y forcer. Croire sottement que l’on pourrait,
seule ou seul, changer le cours des choses, est ridicule et vaniteux. Mais
l’Histoire aussi bien que nos histoires nous ont souvent montré qu’à plusieurs,
cela devient volontiers possible et qu’à défaut, y’a moyen de s’gondoler un
brin. C’est ce qu’ont du mal à comprendre ceux qui reprochent à leurs
semblables d’être « utopiques », en les harcelant de
questions sur ce que serait leur solution globale. Outre qu’une solution
globale exigerait logiquement de ces geignards une attitude plus audacieuse, la
plus blafarde des utopies est bien de considérer qu’il y en aurait
« Une ». Les révolutions ont toujours
été des milliers de hasards à première vue négligeables. De même qu’elles ont
toujours cessé d’être révolutions à partir du moment où elles ont été désignées
comme telles.
Juger que certaines
conditions de vie sont inacceptables ou qu’être pauvre, c’est fatalement être
triste ne fait que montrer que l’on ignore ce qu’est la vie et que l’on a
jamais été pauvre… Mais si l’on ne doit
pas dire aux gens ce qu’ils doivent faire, nous pensons qu’il est souhaitable
d’avoir la cohérence de faire en sorte qu’ils aient le choix entre plusieurs
possibles, sans les choisir à leur place, ne serait-ce que parce qu’il est
toujours passionnant de bousculer l’ « ordre
des choses ». C’est
un plaisir que semblent ignorer ceux qui répètent
sans cesse qu’il faut toujours se taire ou qui passent leur
temps à revendiquer l’intime conviction que jamais il faut n’en avoir aucune[13].
C’est en effet préférable lorsque l’on n’est pas susceptible d’en rire, mais
tellement savoureux si l’on sourit à l’idée d’être dans l’erreur. En être
capable nous éloigne sans doute de la vérité, mais est toujours un pas vers la
sagesse…
Parler à la place des
autres, c’est toujours parler pour soi. En ce qui nous concerne, ce sont bien
nos intérêts que nous défendons quand nous nous attaquons à ceux des maîtres.
Nous n’attaquons pas ceux qui se croient puissants pour défendre leurs sujets
mais simplement parce que cela nous fait du bien. Quand les pompeux impératifs
moraux et l’intérêt personnel se rejoignent, on ne voit pas pourquoi on se
priverait. Plutôt que de convaincre les esclaves qu’ils doivent prendre leur
part de pouvoir, nous préférons montrer à ceux qui en uséabusent[14]
qu’ils ont toujours quelque chose à perdre. Cette posture peut sembler légère.
Elle garde néanmoins le mérite de n’avoir jamais été démentie, surtout pas par
ceux qui voudraient mettre fin à l’Histoire...
Le concept d’égalité
reste bien flou. Il est de nos jours très périlleux de s’entêter à chercher des
vérités dialectiquement obscures quand il y a tant de mensonges à mettre en
lumière[15].
Comme l’ont à coup sûr dit Diogène, Lao Tseu ou Gandhi, la vérité refusera
toujours de s’offrir entière à quiconque et c’est pour cette raison précise
qu’il faut toujours essayer de s’en approcher sans espoir de la séduire et en
prenant garde à ce que jamais elle ne vous éblouisse… A l’égalité, tant décriée
par ceux qui se voudraient nos ennemis[16],
sans doute avec raison puisqu’elle rime avec uniformité, nous préférons la
justice, dont ils parlent peu. L’horizon égalitaire ne peut être que bêtement
mystique, tandis que la justice est un combat quotidien. Parler de justice
n’est pas toujours facile quand on n’aime pas particulièrement les pauvres qui
aimeraient être riches. Les pauvres sont souvent comme les riches, mais en
moins gênants : Au moins, ils ne peuvent pas tout se permettre parce
qu’ils ont de l’argent. Et puis quand on n’aime pas les pauvres, il faut avoir
l’honnêteté de reconnaître qu’il y en aurait beaucoup moins s’il n’y avait pas
de riches. Enfin, que l’on soit riche ou pauvre, on peut être quelqu’un de
bien, sauf quand on est riche. Tout simplement parce que quand on est riche, on
croit avoir intérêt à le rester[17]:
on est donc conservateur et on risque de ne jamais sentir le frisson de
l’incertitude…
Nous
sommes également très attachés à la liberté, mais avons encore la naïveté de
croire qu’elle s’arrête là où commence celle des autres, voire qu’elle ne
commence que là ou celle des autres commence à son tour. La liberté que nous
chérissons, c’est celle de toujours pouvoir être soi, pas celle de se choisir
un rôle. L’actuelle mode idéologique se repaît elle aussi de liberté et en fait
une valeur suprême. C’est bien commode lorsque l’on est un petit peu égaré, que
l’on se diminue à accorder plus de crédit à la publicité qu’à la réalité.
Pourtant, les chantres de la « Liberté »
ne sont que des apôtres de la leur, et oublient qu’une
valeur universelle ne l’est que si elle peut être
partagée par tous. Dans leur triste cas, la liberté
n’est
jamais un humanisme et s’accompagne toujours de la conviction qu’une
partie de l’humanité ne peut être libre que si l’on use de la matraque avec
l’autre.
Au
mieux, ces oublieux de l’Histoire (qui pour eux, il est vrai, ne sert pas à grand-chose[18])
pensent avoir le culot vulgaire de pouvoir travestir leur ignorance en bon sens
et leur indigence existentielle en humanisme. Ils défendent à tout crin une
liberté individuelle qui n’est autre qu’un retour… à l’état de nature. Nous
pensons avoir plus d’audace, car nous avons de plus ambitieux projets
concernant la société humaine. Aucune liberté ne nous fait peur du moment
qu’elle ne remet pas en cause le vivre ensemble[19].
Nous pensons même que les fous qui se contentent de violer les morales, qui se
contentent de faire un « mal » symbolique ont toute leur place partout ailleurs
que derrière des barreaux[20].
Au
pire, ils
revendiquent la liberté comme un droit et une valeur universelle mais réclament
toujours plus de châtiments pour ceux qui ne respecteraient pas la leur. Ils
aboient qu’il faut faire confiance à l’être humain mais leurs actes transpirent
le contraire… On comprend qu’ils ne se sentent pas très bien dans leur peau et
qu’ils en deviennent fâcheux, voire istes.
Les
pseudos cyniques ne peuvent pas grand-chose contre ceux qui refusent de se
contenter d’être satisfaits d’être satisfaits. Ils sont condamnés à faire mine
d’en rire en compagnie d’autres pseudo cyniques. En somme, il s’agit toujours
de savoir si l’on accepte de contrefaire ce que d’autres ont fait à votre
place, ou d’essayer de vivre. …
Ce n’est pas parce que
l’on ne peut pas tout changer que l’on ne peut rien changer.
Et surtout, ce n’est pas
parce l’on ne veut rien changer que les choses ne changent pas.
Le
cynisme véritable,
comme tout outil critique, n’est opérant qu’en cela qu’il permet
d’expliquer,
de comprendre les choses et d’ouvrir ainsi une possibilité de
transformation. La critique doit être joyeuse et créatrice plutôt que
triste et léthargique. Il
n’y a rien de plus facile que de se repaître de la merde qui nous
entoure, que
cela soit pour la dénoncer ou pour en rire. Céder à cette facilité,
c’est
oublier tout le reste. Et le reste doit bien valoir le coup, pour qu’on
n’ait
pas le courage d’assumer ses opinions en se taillant les veines…
Si l’on nous permet de
prendre un peu d’altitude, affirmer que l’on ne peut rien faire, c’est nier son
humanité, s’en remettre à un dieu ou à la nature. C’est alors que la condition
humaine se vautre dans le tragique.
L’ «essence»
de la condition humaine n’est pas tragique.
[1] Nous aurons résumé la théorie publicitaire une fois évoqués deux autres de ses axiomes: le sexe et la récupération de subversions passées. Notre intention n’est pas de railler
les publicitaires en montrant qu’ils n’ont pas beaucoup d’idées il faut
leur reconnaître le mérite
d’être efficaces, puisqu’ils
parviennent à faire acheter. Nous voudrions simplement
leur dire qu’ils ne nous font pas rire, que nous ne
voulons ni de leur amour à vendre ni de leurs mannequins truqués et que leurs
belles idées ne servent que les puissants.
[2] Tu ne ris pas car
tu penses donc tu suis. Tu ris parce que
tu penses que tu penses donc tu es..
[3] Quel meilleur exemple que celui
de Diogène, sur le point d’être exécuté, chantant à Alexandre : « ôte-toi de mon soleil ! » ? Peut-être préférait-il le Mystère à une vie de mort…Mais sans doute espérait-il , plus prosaïquement, sauver sa peau et la
conscience de son bourreau.
[4] De toute façon, le bourgeois ne
rit jamais complètement : Il sent bien que cela serait trop dangereux pour lui.
[5] L’éthique, ça s’explique et ça se défend. La
morale, ça s’impose et ça se gobe.
[6] La contradiction dans le domaine
des idées nourrit la dialectique. La
contradiction entre les idées et les actes ne fait qu’engraisser le mensonge.
[7] Nous adorons la paresse dès
qu’elle est subversion mais la méprisons quand elle n’est que renoncement.
[8] « Los que se sacrifican por los demás terminan sacrificándolos ». Mar Traful, Miradas
extraviadas, p.25.
[9] Nous pensons que le critère
d’efficacité est objectif (il mesure une quantité et ne juge pas une fin) et
refusons de n’en laisser l’usage qu’aux « méchants ».
[10] Présumer de sa force en comptant
sur les angoisses de son adversaire ne
nous a jamais semblé très brillant. La force véritable n’a pas besoin d’adversaire pour exister.
[11] Ne vas pas croire, lecteur, que
nous nous sentons plus intelligents que les autres (les intelligences sont
légions, mais trop souvent mal employées, donc tristes). Nous pensons juste
être un peu plus libres…
[12] Pardon pour les formules
ronflantes et les notes de bas de page qui s’accumulent et qui nuisent à la
clarté d’un propos déjà bien nébuleux…
[13] Avoir un patronyme qui résonne
comme le bruit d’une canette jetée dans une poubelle vide ne suffit pas à égaler Sid
Vicious.
[14] Quand le pouvoir est complément,
ce néologisme s’impose.
[15] Désolés pour les bigots qui
réagissent à la moindre critique en s’écriant : « Mais
quelle est donc votre solution ?! ». Il faut être bien fragile et bien religieux
pour vouloir sans cesse jeter le bébé avec l’eau du bain et courir après des solutions globales et
totales : celles-ci n’existent que dans les sectes. Les
plus chimériques ne sont pas ceux que l’on croit…
[16] Nous n’avons pour notre part ni
le temps ni l’envie de nous chercher des ennemis. Nous reconnaissons pourtant
assez vite ceux qui nous en croiraient capables
à ceci qu’ils utilisent toujours une police, force de leur ordre.
[17] Réflexe universellement vérifié.
[18] Les gens qui pensent que
l’Histoire, ça ne sert à rien, ça a somme toute quelque chose de réjouissant : ils en seront toujours les cocus.
[19] Appelez là « communauté » si le mot « société » vous donne des aigreurs. En ce
qui nous concerne, nous ne pensons pas être des rêveurs aigris, mais agissants.
[20] Enfermer les fous qui dérangent
est depuis quelques siècles un bon moyen de s’assurer qu’ils ne dérangeront
plus les puissants, qui eux-mêmes réclament la liberté de ne pas être
dérangés. Celles et ceux qui ne sont ni
puissants ni fous feraient bien d’y réfléchir…